D’où vient l’expression « avoir la berlue » ?

Avoir la berlue

Si vous voyez un homme tranquillement discuter avec un tigre, vous penserez surement avoir la berlue.

D’où vient l’expression « avoir la berlue » ?

Régulièrement nous essayons de vous faire découvrir l’origine d’une expression en rapport avec les yeux ou la vue. La dernière fois nous avons vu d’où venait l’expression « faire les yeux doux » . Aujourd’hui nous allons voir une autre expression : « avoir la berlue » .

Que signifie-t-elle ?

« Avoir la berlue », c’est voir quelque chose qui n’existe pas. C’est être victime d’une hallucination. On l’emploie surtout pour ironiser sur ce qu’a vu quelqu’un, ou plutôt sur ce qu’il pense avoir vu. Elle ne fait généralement pas référence à quelque chose d’extraordinaire. Il n’est pas question ici de voir des éléphants roses prenant le thé en terrasse d’un café parisien par une belle journée de printemps. Elle se rapporte plutôt à quelque chose de possible mais de hautement improbable. Comme, par exemple, de faire la queue derrière le président de la république pour acheter son pain. Dans l’absolu, c’est possible, mais dans les faits, on ne vous croira jamais. Si jamais vous racontez cette anecdote, on vous dira surement que vous avez eu la berlue.

D’où vient-elle ?

« Berlue » est un mot qu’on ne rencontre plus de nos jours. En revanche, « être éberlué » se rencontre encore, même si c’est de plus en plus rare. « Être éberlué » par quelque chose, c’est ne pas en croire ses yeux. C’est rester sans voix devant une vision très insolite.

Ces termes semblent avoir pour origine le verbe « belluer », qu’on rencontrait au XIIIème siècle et qui désignait le fait d’éblouir ou d’impressionner, mais en dupant et en trompant. Peut-être qu’un conteur de l’époque belluait lorsqu’il relatait comment un chevalier avait terrassé un dragon sanguinaire, car meilleure est l’histoire, meilleure sera la paie. Mais c’est au XIVème siècle qu’il prit son sens visuel. On qualifiait alors de berlue un défaut de la vue qui faisait voir des choses qui n’existaient pas ou qui déformait la réalité.

A noter que nos amis britanniques ne sont pas en manque d’imagination puisqu’au Pays de Galles « on poursuit des lièvres » et qu’en Angleterre… « On aboie contre le mauvais arbre » . Je serais curieux de voir un anglais faire ça !

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